Musée d'histoire naturelle de Lille
Tour d'horizon d'un lieu transformé !
122 289 visiteurs en 2019
Faire du Musée d'histoire naturelle de Lille un musée de la Nature, de l'Homme et des Civilisations. Voilà l'enjeu annoncé pour ce lieu culturel inauguré en 1822.
Après huit mois de travaux, les visiteurs ont découvert les transformations réalisées pour améliorer l'accueil et le confort de visite.
Fini l'entrée discrète rue de Bruxelles ! Pour pénétrer dans les lieux, rendez-vous au 23 rue de Gosselet devant lequel un parvis a été aménagé.
En passant le fronton de cet ancien bâtiment universitaire, le visiteur pénètre dans un hall flambant neuf. La tapisserie a été choisie d’un vert à la fois profond et lumineux. Un trompe-l’œil végétal habille le plafond d’une touche de modernité. Des éléments d'architecture, des éclairages muraux, rénovés, le carrelage art nouveau du célèbre céramiste lillois Coilliot ont été conservés.
Le café-boutique, géré par Sweet Flamingo, (accessible sans billet) propose une petite restauration, salée et sucrée, et des objets de créateurs locaux sur le thème de l’histoire naturelle.
L’accès aux expositions se fait par un passage extérieur protégé par une jolie verrière.
La traversée d'un sas où se trouvent de nouveaux vestiaires mènera aux espaces déjà connus des visiteurs, la géologie sur la gauche, et la zoologie sur la droite. Nouveauté, droit devant, à la place de l’ancienne borne d’accueil : un espace a été créé pour présenter une sélection d’une vingtaine d’objets inédits des quatre collections du musée. De ceux que le public n’imagine pas précieusement conservés dans les réserves !
Après ce premier chantier, la seconde étape de ce projet, financé par la Ville, l'État, la Région, le Département et la MEL, est déjà sur les rails. L'appel d'offres pour sélectionner l'architecte a été lancé en février. Démarrage des prochaines travaux programmé en 2022 pour deux à trois ans.
Envisagée depuis une dizaine d'années, la transformation de ce musée a pu être lancée suite au déménagement, à Fives, de la MRES, maison régionale de l'environnement et des solidarités avec laquelle l'équipement culturel partageait des locaux.
Quels objectifs ?
Les espaces d'expositions permanentes vont être doublés et donc enrichis autour des quatre collections.
L'idée est aussi de proposer une nouvelle expérience de visite immersive, interactive et expérimentale et de nouveaux espaces modulables, dont un dédié aux petits curieux de 0 à 6 ans.
La transformation promet donc un musée plus accueillant et plus en phase avec les enjeux scientifiques et sociétaux d'aujourd'hui, dont ceux induits par le changement climatique.
Aujourd'hui, le musée lillois possède quatre collections : zoologie, géologie, ethnographie, sciences et techniques.
Le public peut découvrir une partie des collections de zoologie et de géologie dans des espaces d'expositions permanentes ainsi qu'une grande verrière et un insectarium.
© Anaïs Gadeau
© Anaïs Gadeau
LA ZOOLOGIE
200 000 spécimens
- Des animaux naturalisés au nombre de 10 000 dont beaucoup, beaucoup d'oiseaux !
Des pièces ostéologiques, c'est-à-dire des squelettes montés ou des parties de squelettes, des animaux divers conservés en fluides, principalement des organismes marins, des oeufs et des milliers d'insectes et de coquilles de mollusques.
- Le fonds des mammifères recèle des animaux rares provenant du fonds ancien (ornithorynque, nasique), et des naturalisations récentes spectaculaires, en particulier des ours, des félins et des cervidés.
- Les espèces locales de coquillages permettent de suivre l'évolution de la biodiversité et des conditions environnementales de la région depuis un siècle.
- Le musée possède également une vingtaine de spécimens d'espèces éteintes, soulignant la problématique de l'érosion de la biodiversité.
LA GÉOLOGIE
200 000 fossiles, roches et minéraux.
La collection de géologie invite à un incroyable voyage à travers le temps.
La qualité, la quantité et la diversité des échantillons donnent une valeur patrimoniale très importante à cette collection lilloise à vocation mondiale.
Le fonds régional contient près de 100 000 échantillons et raconte l'histoire géologique de l'Euro-région au Nord de Paris, entre Londres et Dinant, de -600 millions d'années à l'époque gallo-romaine.
35 000 références extra-régionales illustrent la diversité des fossiles et des roches du monde entier.
Le fonds minéralogique représente 8 000 échantillons dont environ 500, remarquables, sont présentés au public.
L'ETHNOGRAPHIE
13 000 pièces
Elles racontent le quotidien de peuples d'Afrique, des Amériques, d'Asie et d'Océanie : vie sociale et culturelle, coutumes, activités guerrières, vie domestique, activités de pêche, de chasse, de cueillette...
Quelque 1000 pièces sont également originaires du continent européen.
Le musée lillois conserve l'une des collections d'ethnographie les plus riches de France, dont certains objets rarissimes et uniques.
Ils ne sont pas exposés de façon permanente mais lors d'expositions temporaires. Ils sont aussi prêtés à de nombreuses institutions en France et à l'étranger.
LES SCIENCES ET TECHNIQUES
30 000 objets
Ils illustrent les grands domaines scientifiques et industriels du XIXe siècle.
Des instruments scientifiques, des maquettes pédagogiques, des échantillons commerciaux, des prototypes, des objets en cours de fabrication, des matières premières dont certaines en cours de transformation... Ils évoquent les étapes des évolutions dans différents grands domaines tels que la céramique, l'agriculture, la photographie, le textile, la santé...
Ils permettent de comprendre comment l'innovation a changé nos modes de vie et notre environnement au fil du temps...
La collection des sciences et techniques se place juste derrière celle du Musée des Arts et Métiers de Paris.
Le fonds colonial et commercial (deuxième moitié du XIXe siècle) est l'un des derniers en France à être conservé dans son intégralité.
Des métiers
Margaux et Clément, chargés d’inventaire et de récolement
Ça a l’air d’un joyeux bazar mais ça n’en est pas un ! Dans les réserves consacrées à la géologie, tout est bien à sa place. Quand nous les rencontrons, Margaux et Clément rangent tout un tas de « cailloux » qui attendent d’être identifiés le plus précisément possible. « Un travail de fourmi très varié qui donne à voir plein de choses différentes tout le temps », s’accordent à dire Margaux et Clément.
Rappelons que la collection de géologie ne compte pas moins de 200 000 fossiles, roches et minéraux !
Armés de beaucoup de patience, ils réalisent l’inventaire de certains objets en créant des fiches avec l’origine, la date, l’état de conservation… Autre mission : le récolement, obligatoire tous les dix ans dans tous les musées de France. Cette opération de longue haleine consiste à vérifier toutes les œuvres, qu’elles soient ou non exposées au public. Elle se fait en lien avec les responsables de collections.
Pascal, entomologiste
En écoutant Pascal raconter son métier, pas étonnant d’apprendre que sa matière préférée à l’école, c’était les sciences naturelles ! Soigneur animalier de formation, c’est en autodidacte qu’il a commencé sa carrière au musée d’histoire naturelle en 1991. Il a veillé pendant des années sur l’insectarium du musée. Il nous entraîne dans la salle d’élevage où espèces communes voisinent avec espèces rares.
Grâce à une vingtaine de bacs, les visiteurs peuvent observer les insectes et les arthropodes. Un espace dédié aux fourmis permet également de suivre ces travailleuses infatigables jusqu’au cœur de la fourmilière !
Membre de la société entomologiste du nord de la France et spécialiste du coléoptère carabidae (un prédateur de grande taille), Pascal connaît aussi par cœur les réserves où sont conservées différentes collections dont certaines « très intéressantes ». Comme ces spécimens ayant servi à la première classification digne de ce nom, par Macquart, des Diptères, ordre d’insectes communs tels que mouches, moustiques et moucherons.
Pascal vient de partir à la retraite, mais Olivier et Adrien continuent de veiller sur cet univers...
Aude, responsable de la collection sciences et techniques
« Nous sommes à la fois des gardiens du patrimoine et des passeurs de savoirs auprès des spécialistes et du grand public ».
Aude s’implique dans l’inventaire, pour enregistrer les objets, et le récolement, pour vérifier la description (date, dimension, technique…). Elle fait aussi le lien avec les restaurateurs et collabore avec les chercheurs. Elle participe à la valorisation de telle ou telle partie de la collection, lors d’expositions temporaires à Lille ou de prêts pour d’autres musées.
Si toute la collection la passionne, Aude n’en a pas moins quelques « dadas », comme la photographie ancienne. « Ces 3700 pièces, émouvantes car fragiles, retracent l’histoire technique de la photo entre 1827 et 1914 », s’enthousiasme-t-elle. Elle raconte aussi la collection très rare d’objets de mesure de l’Homme, d’anciens tests utilisés par les centres d’information et d’orientation entre 1890 et 1950. Seul autre pays au monde à posséder une collection : les USA.
Sophie, médiatrice
"Ce qui m'importe, c'est ce que le musée peut offrir au public". Et Sophie a la mission toute particulière d'intéresser les plus jeunes aux collections. D'octobre à juin, dans le cadre du Plan Sciences, des créneaux sont mis à disposition des enseignants lillois pour des visites pédagogiques et guidées. La médiatrice échange avec chacun d'entre eux afin de comprendre ce qu'ils en attendent pour leurs élèves.
Elle imagine aussi de nouveaux rendez-vous, comme ceux adaptés aux bambins des toutes petites sections de maternelle. "Pour capter leur attention, je compare le corps du renard ou de la chèvre avec notre propre corps, en parlant de devant/dessus, derrière/dessous ou ongles/griffes".
Le Plan sciences est aussi présent dans les écoles, pendant la pause méridienne ou les accueils de loisirs du mercredi. "Pouvoir observer, manipuler, toucher, tester, les enfants adorent ça" !
Pour satisfaire la curiosité des publics, Sophie se plaît à mêler "le scientifique et le décalé". Elle participe à la programmation des temps forts comme la "spéciale Halloween" ou la "nuit du modèle à poils" ainsi qu'à la mise en place d'ateliers à partager en famille pendant les vacances.